3- Journal Ouest-France du 31/07/2000 Un rapport conseille au gouvernement de faire durer les centrales Sortir du nucléaire coûterait très cher |
La France n'a guère d'intérêt économique à suivre l'exemple allemand pour sa politique énergétique. Selon un rapport commandé pat le Premier ministre l'hypothèse d'une sortie rapide du nucléaire seras la solution la plus coûteuse. Même si le prix du gaz s'envole. | Arrivé. au pouvoir à la fin 1998, le chancelier social-démocrate Gerhard Schrôder a enclenché la marche vers la sortie du nucléaire civil, sousla pression de ses alliés Verts. A défaut de suivre l'exemple de son collègue allemand, Lionel Jospin avait commandé une "Etude économique prospective de la filière électrique nucléaire". Elle vient de lui être rendue par Jean-Michel Charpin, commissaire su Plan. René Pellat, haut commissaire é l'Énergie atomique et Benjamin Dessus, directeur au CNRS. |
Les rapporteurs comparent différents scénarios à l'horizon de 2050, notamment en fonction du prix du gaz, principal concurrent du nucléaire pour produire de l'électricité. Les autres éner-gies renouvelables, comme l'éolienne ou l'hydraulique, de.vraient rester minoritaires, en l'état actuel des connaissances. SI le coût du gaz s'envole, le nucléaire deviendra de plus en plus rentable. En revanche, si le prix du gaz reste stable, la solution la moins chère consiste à ne pas construire d'autres centrales nucléaires. |
Durée de vie: 45 ans... |
Mais dans tous les cas, précise le rapport, on a intérêt à faire durer les centrales encore en activité: "Les scénarios de sortie du nucléaire après trente ans de durée de vie pour le parc existant sont toujours plus chers que ceux qui retiennent quarante-cinq une de durée de vie moyenne. " Les 58 réacteurs français à eau légère qui fournissent les quatre cinquièmes de l'électricité du pays, sont jeunes: 60 % ont moins de 15 ans. Les stopper avant terme coûterait cher, d'autant que les solutions alternatives sont aléatoires. Les Allemands, qui programment l'arrêt de leurs centrales sur 20 ans, ne craignent-ils pas de devoir acheter | del'électricité nucléaire française? Les rapporteurs soulignent qu'un allongement de la durée de vie des réacteurs permettrait de retarder la mise en route de nouvelles tranches, avec l'espoir qu'apparaîtront, entre temps, des technologies plus performantes. Les antinucléaires disent souvent qu'on sous-estime le coût de gestion des déchets. Les rapporteurs ont donc tenté de traduire en terme économique les aspects liés à l'environnement. Or, selon leur étude, les émissions de dioxyde de carbone (produite notamment par les centrales à gaz), que la France doit réduire |
conformément
ses engagements internationaux de lutte contre l'effet de serre, pèsent plus que la
gestion des déchets radio actifs. Les rapporteurs se gardent bien de tirer des conclusions politique à partir de ces éléments de prospective économique. Mais d'autres s'en chargent déjà, comme ministre de l'industrie Christian Pierret, qui commente: " Les scénarios à fort contenu nucléaire sont en définitive ceux qui pour l'avenir, se révéleront les plus économes et les moins agressifs à l'égard de l'environnement." |