La centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, qui connut en 1986 le plus grave
accident de l'histoire du nucléaire civil, a fermé définitivement ce vendredi. Une
cérémonie a eu lieu au palais Ukraïna de Kiev d'où le président Leonid Koutchma a
donné l'ordre de l'arrêt total et définitif via une liaison télévisée avec la
centrale située à 135km de là.
Le 26 avril 1986, le réacteur numéro quatre de la centrale explosait, provoquant
l'émission dans l'atmosphère d'un immense nuage radioactif. Plus de 4.000 Ukrainiens ont
péri lors de l'accident et des travaux qui ont suivi, et 70.000 autres ont souffert ou
souffrent d'un handicap lié aux radiations. Sur les 50 millions d'habitants, quelques 3,4
millions de personnes, dont 1,26 million d'enfants, sont encore affectés par la
catastrophe.
Pendant des années, les autorités ukrainiennes ont refusé de fermer la centrale de
Tchernobyl en raison de son rôle stratégique dans la production d'électricité du pays.
Le président Koutchma, sous la pression de la communauté internationale, a finalement
accepté cette fermeture en échange d'une promesse de financement international de deux
nouveaux réacteurs dans une autre centrale. Jeudi, le chef de
l'Etat s'était rendu sur le site de la catastrophe, où il a rencontré des responsables
et des employés de la centrale, mais aussi dans la ville voisine de Slavoutitch,
construite spécialement pour les salariés de la centrale, lesquels vont être durement
touchés par la fermeture.
"L'Ukraine ne peut assumer seule une catastrophe aussi importante. Le monde doit
aider l'Ukraine à assumer cette situation", a souligné le président Koutchma lors
d'une conférence de presse organisée sur le site. "Il est très symbolique que le
monde entre dans le prochain millénaire sans la centrale de Tchernobyl", a déclaré
pour sa part son porte-parole Oleksandr Martynenko.
Alors que les préparatifs en vue de la fermeture étaient quasiment terminés, le
Parlement ukrainien a adopté jeudi une résolution exhortant le gouvernement à reporter
la fermeture au moins jusqu'au mois d'avril prochain, en attendant la construction des
deux nouveaux réacteurs promis par la communauté internationale.
Au même moment, 300 victimes de la catastrophe manifestaient devant le Parlement pour
demander une aide sociale et une reconnaissance internationale de leur situation, des
souffrances qu'ils ont subies. "Laissez-nous vivre, donnez-nous du pain", criait
Vira Korbout, dont le mari est mort après avoir participé aux opérations de nettoyage
dans la centrale. |
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Dans l'obs hebdo
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